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Par Jacques Légers
On se lève le matin, on prend conscience vaguement que nous sommes toujours vivants, sans le savoir vraiment ou sans le savoir du tout. On ira à la plage aujourd’hui, c’est samedi, on a quoi pour déjeuner ? On regarde le temps qu’il fait. Pendant ce temps, un petit million de galaxies, quatorze mille deux cent trente millions de milliards d’étoiles, neuf-cent-trente-milliards de billions de terres comme celle-ci, un espace légèrement retiré du petit bras d’une galaxie, un petit soleil, huit planètes avec cent-soixante-cinq satellites, une est bleue, brune, blanche, une petite bille d’une beauté sans nom, un continent, une région, une ville, quelques millions d’habitants, une rue, une chambre d’hôtel ou un appartement, une petite pièce, quelques petits bruits, des feuilles de papier se froissent, quelque chose est tombé par terre, là, derrière le mur, une petite conscience s’éveille, « présence » silencieuse, calme, discrète, de petits doigts s’agrippent des expériences, une petite respiration s’anime, notre petit bambin se retire de son sommeil, on va voir, il sourit, il est debout, il nous regarde comme le ferait une mouette… — « Il faut changer la couche »! Notre cœur est traversé par un frisson de tendresse, nous commençons à prendre conscience de la Vie. Et de petits émerveillements en petits émerveillements, si l’on est sensible, si l’on prend la peine d’y penser, notre conscience selon la mesure de notre reconnaissance, notre conscience s’éveillera doucement au vaste mystère des choses, comme la marée qui monte, sans savoir pourquoi, nous remplira d’un bonheur indicible qui viendra de quelque part, derrière ce nuage opaque de nos perceptions, et ça s’appelle » : « PRÉSENCE »…