Les négociations mondiales pour discuter de mesures concrètes pour lutter contre les déchets plastiques, qui inondent la nature du fond des océans au sommet des montagnes, ont repris mardi à Ottawa au Canada. “Le message est clair. Le monde compte sur nous pour mettre en place un nouveau traité qui guidera les actions et la coopération internationale nécessaires pour un avenir sans pollution plastique” a déclaré Luis Valdivieso, le président du Comité international de négociations (INC) de l’ONU-Environnement. “Nous ne pouvons pas échouer”, a-t-il ajouté en déclarant la session de négociations ouverte. L’objectif fixé en 2022 était de finaliser un texte d’ici la fin de l’année 2024 pour lutter par des mesures concrètes contre la prolifération de déchets plastiques partout sur la planète. La réunion d’Ottawa est jugée cruciale par les négociateurs, car il ne restera ensuite plus qu’une rencontre en Corée du Sud, en fin d’année. La tâche qui les attend s’annonce toutefois ardue, puisque les pays restent divisés sur le degré d’ambition du traité. Pour le ministre de l’Environnement canadien Steven Guilbeault, hôte des négociations, il n’y a pas de “solution miracle”. Mais il faut “s’entendre sur des solutions sur l’ensemble du cycle du plastique”, a-t-il déclaré à l’ouverture mardi. Dans un entretien à l’AFP quelques jours avant la rencontre, il avait estimé que l’objectif était de “parvenir à avoir un texte avec 60 à 70% des éléments validés” à la fin des discussions à Ottawa, le 29 avril. Le temps joue contre nous, à la fois en matière de négociations du traité, mais aussi en ce qui concerne la quantité de déchets que la planète peut supporter pendant que nous délibérons”, a rappelé mardi Inger Andersen, la directrice du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Si les différentes parties se rejoignent sur la nécessité d’un traité, elles divergent en effet sur le fond. Certains pays et les ONG environnementales plaident pour une forte réduction de la production plastique d’ici 2040. Mais des pays producteurs de pétrole et les lobbys de l’industrie militent davantage en faveur du recyclage. L’enjeu est immense car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout. Des microplastiques ont même été détectés dans le sang ou le lait maternel. Et la pollution plastique ne cesse de s’aggraver. Elle pourrait tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait.
Or, seulement 9% des plastiques sont recyclés. Lors des négociations de Nairobi en novembre, le projet de traité est passé de 30 à 70 pages, certains pays ayant insisté pour inclure leurs objections aux mesures plus ambitieuses telles que les limites de production ou la réduction progressive. Parmi eux, l’Arabie saoudite et d’autres membres de l’Opep, l’Organisation des pays exportateurs de pétroles. A l’opposé, les 65 membres de la “Coalition de la haute ambition”, présidée par le Rwanda et la Norvège, et qui compte la majorité des pays de l’Union européenne, appuient des mesures plus ambitieuses. Ce traité représente une opportunité monumentale”, estime Neil Nathan de l’Université de Californie à Santa Barbara. “Des mesures juridiquement contraignantes sont nécessaires pour éviter un accord édulcoré qui ne répondrait pas aux besoins du moment”, ajoute-t-il. Pour Eirik Lindebjerg, du WWF International, “nous sommes à la croisée des chemins”. Il rappelle qu’une “écrasante majorité de pays a déjà appelé à l’adoption des règles mondiales contraignantes nécessaires”. Nos dirigeants doivent maintenant transformer ces appels en actions.” Les négociations d’Ottawa nous diront s’il est possible ou non de parvenir à un accord d’ici à la fin de l’année, juge l’ONG Ocean Conservancy. De leur côté, les “industries mondiales du plastique et de la chimie soutiennent pleinement un accord juridiquement contraignant” assure à l’AFP Chris Jahn de l’International Council of Chemical Associations. Mais, dit-il, mettre l’accent sur le recyclage reste “le moyen le plus efficace d’y parvenir en minimisant les coûts environnementaux et économiques”. La réunion d’Ottawa est la quatrième des cinq sessions d’un processus accéléré.Plusieurs organisations nord-américaines ont récemment appelé le président Joe Biden à s’engager davantage sur le sujet. Anja Brandon, d’Ocean Conservancy, rappelle le rôle joué par la première puissance mondiale. “Les Etats-Unis sont le premier producteur de déchets plastiques au monde, à la fois par habitant et au total en volume ou en poids absolu”. AFP